En ce lundi 6 février ensoleillé, nous sommes 55 sur le territoire de la commune de Rigny Saint Martin, non loin de la ferme du Neuf Moulin, au lieu-dit Quatre Vaux pour faire en 10 km le tour de la forêt domaniale de l’Essart.
Au 13ème siècle le site de Rigny est rendu célèbre par les diverses entrevues entre le Roi de France et l’Empereur Germanique, et surtout l’entrevue de Quatre-Vaux en 1299 entre Philippe Le Bel roi de France (1268-1314) et Albert de Habsbourg empereur du Saint Empire Romain Germanique (1250-1308). On discuta du mariage de Blanche de Flandres, sœur de Philippe et de Rodolphe de Habsbourg fils d’Albert, et les deux souverains déterminèrent la limite de leurs Etats en reconnaissant le fleuve Meuse comme frontière commune.
Cette entrevue fut suivie de la signature le 4 juin 1301 du Traité de BRUGES qui reconnaissait la suzeraineté du roi de France sur les terres du Comté de BAR situées à l’Ouest de la Meuse. C’est ce qu’on a appelé le « Barrois Mouvant » c’est-à-dire dans la mouvance de la couronne de France.
Le départ s’effectue face au Neuf Moulin, dans le bois des Larrons. Plus loin nous prenons à droite entre le bois de Domgermain et la forêt domaniale de l’Essart. L’Essart est, avec sa contraction septentrionale sart, l’un des termes les plus caractéristiques du défrichement. Il vient du latin ex-sartum de même sens, issu de sarrire : sarcler. Durant une montée douce mais longue, nous constatons que les coupes de bois sont nombreuses. Nous nous dirigeons vers le lieu-dit « le Cul du Mont de la Rue ». De jeunes pousses annoncent déjà la renaissance de la nature. Nous effectuons la descente à travers la forêt de l’Essart par la Vallée de Monplaisir jusqu’à la chapelle Saint Fiacre.
En 1516 les frères du Saint Esprit s’installèrent au lieu-dit Moyenmont là où devait s’édifier la ferme de Saint Fiacre. C’étaient des chanoines réguliers de l’ordre de Saint Augustin, ordre hospitalier qui dirigeait à Toul l’Hôpital des Bourgeois ou du Saint Esprit. C’est le frère Jean Gerrier, natif de Charmes qui était gouverneur de la maison du Saint Esprit en 1516 jusqu’en 1550 à sa mort. Il fit construire outre la chapelle et la ferme, une grande maison avec un vaste enclos occupant la terrasse voisine de la chapelle. Cette maison a disparu au début du 19ème siècle. Le domaine de Quatre Vaux a été démembré en 1793 à la vente des biens nationaux. La chapelle Saint Fiacre a été construite en 1522 et n’a été aménagée en villégiature qu’au cours du 19ème siècle. Le retable est devenu le retable du maître autel de la chapelle des Cordeliers à Nancy. Une Vierge à l’Enfant en pierre peinte de 1 m de haut datée du 15ème siècle se trouve au Musée Lorrain comme deux Saint Fiacre et une Sainte Barbe en pierre polychrome du 16ème siècle. Saint Fiacre était un moine irlandais qui vécut au 7ème siècle. Le christianisme avait pénétré en Irlande au 5ème siècle grâce à Saint Patrick. Le monachisme celtique impliquait la « peregrinatio » c’est-à-dire des missions lointaines d’évangélisation donc sur le continent. C’est ainsi que Saint Fiacre s’est arrêté à Meaux où l’évêque Saint Faron lui donna l’autorisation de s’établir comme ermite en forêt de Breuil et lui céda un terrain à cultiver pour nourrir les pèlerins indigents. Il fit pousser légumes, fleurs et plantes médicinales. Il devint le Saint patron des jardiniers et des maraîchers.
Au Moulin des Onze Fontaines nous traversons la D 960 pour revenir à Quatre Vaux en suivant la vallée du ruisseau Saint Fiacre le long du Bois Digot. Une dernière traversée du ruisseau saint Fiacre, un court trajet le long de la D 960, une petite montée un peu raide et c’est la fin d’une balade très agréable sous un ciel bleu.
Mireille
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